Le site a été repéré en 2010 lors d’une campagne de prospections menée sur la commune de Plounévez-Lochrist.
Il se présentait alors sous la forme d’un épandage de mobilier étendu sur 500 m, comprenant entre autres des silex taillés, un aiguisoir de facture ancienne et une hache polie, découverte par André Guillauma. Les silex taillés étaient réalisés à partir de galets de silex, récupérés sur la côte, et de silex blond d’import (originaire de Tourraine vraisemblablement). Ce silex blond est identique à celui employé pour faire les superbes pointes de flèches de l’âge du Bronze ancien, dont un lot a été découvert en 1929 non loin de là dans un tumulus de la nécropole de Liorzou/Graeoc, située à la limite des communes de Saint-Vougay et de Plounévez-Lochrist.
Ces faits suggèrent qu’on aurait sans doute à faire aux restes d’un habitat de l’âge du Bronze ancien (2200-1600 av. J.-C.). De plus, une série de structures observées sur des photographies aériennes de l’IGN et des prospections géophysiques (qui testent la résistivité du sol par des impulsions électriques permettant de mettre en évidence des anomalies souterraines). L’ensemble de ces indices ont motivé la réalisation de plusieurs sondages grâce à l’accord d’André Le Gac.
Les fouilles n’ont pas permis de mettre en évidence les restes de l’habitat de l’âge du Bronze ancien, hormis quelques fosses éparses apparues profondément (entre 0,8 et 1 m sous la surface de la terre arable) ; l’habitat pouvant se trouver en dehors de l’emprise des fouilles, notamment dans les parcelles voisines. Néanmoins, une série de fossés anciens pourrait correspondre à des éléments de parcellaire de cette époque. Surtout, la principale structure mise au jour est un enclos fouillé en partie, montrant au sud un angle droit et à l’ouest un rétrécissement (correspondant à une entrée ?).
Le fossé d’enclos, particulièrement grand, mesure jusqu’à 4 m de largeur et plus de 2 m de profondeur. Grâce aux quelques tessons mis au jour, on peut attribuer ce fossé à l’âge du Fer (800-50 av. J.-C.). Dans le comblement du fossé, il a été découvert des éléments de torchis brûlés avec des empreintes de clayonnage, restes probables d’un édifice construit sur poteaux de bois et dont les murs étaient constitués de branches entremêlées et d’argile. En outre, une photographie aérienne de l’IGN indique l’existence d’un grand enclos dans la parcelle au nord. L’ensemble pourrait correspondre à une grande ferme gauloise. C’est donc quatre mille ans d’histoire, qui se trouvent renfermés sous les terres de Kerneïs Langristin.
L’auteur : Roger BOSSARD
Sources : Clément Nicolas. Programme de prospection « Bronze Ancien », septembre 2014.