Le long de la route départementale 10, bâti sur la digue Michel, est une drôle de maison !
Souvent qualifiée, à tort, de chapelle et parfois répertoriée comme telle, la bâtisse connue sous le nom de Ty Dour est tout simplement une maison, et l’a toujours été.
Elle fut construite entre 1850 et 1851, date attestée par une inscription dans la pierre, par Camille Michel, entrepreneur brestois. Ce dernier avait obtenu la concession d’un lai de mer entre la Baie du Kernic et le hameau de Pont Pouloudou en Plounévez-Lochrist. Il fit construire une digue d’environ 1300 mètres de long entre Pont-Christ et le Kernic afin d’assécher les terrains pour les mettre en culture. Camille Michel fit bâtir également deux fermes, l’une à Keramély, devenu aujourd’hui Keramily, et l’autre sur la digue, l’ancien bâtiment de l’entreprise Britania.
Un des gages de réussite de l’opération de valorisation des terres par Camille Michel était le maintien du libre accès des eaux du Rest vers son embouchure, tout en empêchant celles-ci d’envahir, à chaque marée, les terrains gagnés. Il fit donc installer des clapets qui existent et fonctionnent encore de nos jours.
L’entrepreneur décida alors de faire construire un bâtiment d’où le chef de chantier pourrait surveiller les travaux et où l’on pourrait aussi stocker les outils, et même abriter les ouvriers en cas de besoin.
Ce bâtiment, original, construit tout en hauteur sur une arche en granit de plein cintre, est comme posé sur l’eau, d’où son nom de Ty Dour, la Maison d’Eau.
La maison enjambe donc le Rest à son embouchure. Mesurant six mètres sur cinq à sa base, elle fut construite en hauteur pour la mettre à l’abri des vives eaux et des crues. Elle est caractérisée par un campanile, qui abritait autrefois une cloche dont la sonnerie rythmait les journées de travail des ouvriers travaillant à l’érection de la digue Michel. Cette caractéristique lui donne un air de chapelle, ce qu’elle ne fut jamais, pas plus d’ailleurs qu’un moulin à marée que certains ont voulu, à tort, y reconnaître.
Cette maison qui ne manque pas de charme avec son campanile, et une fenêtre en chien assis, est une propriété privée, réhabilité il y a quelques années pour devenir une résidence secondaire.
L’auteur : Roger BOSSARD, 1er adjoint au Maire de Plounévez-Lochrist. Délégué au patrimoine et au tourisme.